Le châtaignier a longtemps été considéré comme l’arbre nourricier des Cévennes, d’où son nom : l’arbre à pain.
Le fruit :
La châtaigne est un fruit énergétique très riche en sucres complexes (amidon), vitamines du groupe B et en oligo-éléments (potassium, magnésium, fer). Plus de 120 variétés ont été répertoriées par le Parc national des Cévennes : Figarette, Pellegrine, Gascar, Barbue, Redounette, Baumelle et tant d’autres… Elles sont belles, rondes, brunes ou rouges, poilues ou brillantes – toutes différentes mais toutes intéressantes pour leurs qualités gustatives et de conservation.
La châtaigne se mange cuite, en bajane dans du lait ou du vin, grillée sur le feu de bois à l’occasion de soirées conviviales. Au début du 19ème siècle, la confiture de châtaignes s’invite sur nos tables. Depuis 30 ans environ, la farine de châtaigne, qui est sans gluten, s’est rajoutée à la farine de blé pour nous faire un pain plus typé. (Attention de ne pas en mettre trop, il deviendrait trop compact.)
L’arbre : son histoire
Déjà réintroduit en Cévennes par les Romains, on raconte que, au 12ème siècle, les moines bénédictins arrivent nombreux dans nos contrées. Ils amènent avec eux des savoir-faire dont celui de la sélection de variétés et celui du greffage. En couronne, en flûte ou à la fente : ces techniques de greffe sont toujours utilisées. La greffe est facile à faire mais fragile au vent et offre une porte d’entrée à la maladie de l’endothia, il faut la protéger. L’arbre est entretenu comme un fruitier : taille, coupe, entretien, fumure et arrosage.
A la naissance d’un enfant, il était courant de planter des châtaigniers pour servir à la construction du futur foyer. Des arbres droits – dits « bouscasses » – étaient nécessaires et utiles pour faire la charpente ainsi que les poutres, escaliers et planchers. Ce bois est résistant, imputrescible. On l’utilise pour tout et tout au long de sa vie : en piquets, berceaux, cercueils, abreuvoirs, mais aussi creusé pour abriter l’abeille noire et lui faire une maison – dite « ruche tronc ».
La clède : séchoir à châtaignes
Indispensable pour conserver les châtaignes toute l’année, cette petite maison est bâtie sur deux niveaux. Elle se trouve près des habitations ou en pleine forêt. On en voit encore au milieu d’anciennes châtaigneraies, avec encore un ou deux pans de mur qui résistent aux intempéries.
Dans la partie haute, les châtaignes étaient déposées sur des planches à claire-voie en une épaisseur qui pouvait atteindre un mètre maximum. En dessous, un feu chaud mais sans flamme brûlait en continu. Un mois, c’est le temps qu’il fallait pour faire sécher les châtaignes en prenant soin de les retourner de temps en temps.
Ensuite les châtaignes sont « dépiquées » (c’est-à-dire enlever la première peau). Et le soir venu, devant le feu lors de la veillée, un couteau à la main, les veilleurs enlèvent patiemment la deuxième peau. Enfin, elles sont triées et stockées pour la consommation annuelle des hommes et des animaux.
Les maladies
L’endothia est un champignon qui bloque la circulation de la sève et fait « boursoufler » l’écorce, provoquant un « chancre » ; souvent l’arbre dépérit au-dessus du chancre et peut mourir, mais une résistance se développe de plus en plus.
L’encre est aussi un champignon qui se transmet par les racines et qui remonte dans le tronc. L’arbre exsude une « encre » noire à la base du tronc et il meurt.
Le cynips est une autre maladie qui se transmet, elle, par un insecte qui vient pondre dans un bourgeon de châtaignier. Une galle se forme sur la pousse. Le plant infesté ne donnera pas ou peu de fruits. Les chercheurs ont introduit une micro guêpe, le torymus, qui pond dans les galles provoquées par le cynips et dont les larves de cynips sont friandes de celles du cynips ! Cette lutte biologique a bien ralenti cette nouvelle maladie.
Après 1945, de nombreux hommes n’étant pas revenus de la guerre, les femmes coupent et vendent les châtaigniers pour être traités dans les usines afin d’en extraire le tanin. Ensuite les femmes vendent les propriétés trop grandes et lourdes à gérer.
Aujourd’hui si la châtaigneraie à fruits n’est plus entretenue, elle dépérit. Elle est envahie et étouffée par ses bouscasses (rejets non greffés). De plus, le changement climatique nous montre que notre châtaignier emblématique n’est plus à sa place : il a trop chaud, les pluies du mois d’août se font plus rares et cela nuit à sa santé et à la bonne formation du fruit…