Alain ArgilierA. Argilier

Rencontre avec Alain Argilier

Nous avons rencontré Alain Argilier, chargé de communication et tourisme à l’Entente interdépartementale Causses & Cévennes

Peux-tu te présenter brièvement et nous donner un aperçu de ton rôle en tant que chargé de communication et du tourisme à l’Entente Causse et Cévennes UNESCO?

Je suis Alain Argilier, je travaille à l’Entente Interdépartementale des Causses et Cévennes en tant que chargé du Tourisme et de la Communication depuis avril 2016. Je suis né à Florac en Lozère et aime passionnément mon territoire sur lequel je suis très investi tant au niveau des collectivités territoriales qu’au niveau associatif.

Au niveau de l’Entente, en matière de tourisme, j’ai en charge la gestion du réseau des Ambassadeurs des Causses et Cévennes qui sont près de 200 répartis sur l’ensemble du Bien UNESCO qui couvre les quatre départements relatifs à l’inscription : l’Aveyron, le Gard, l’Hérault et la Lozère. Je mets aussi en place les actions issues du plan de gestion sur la partie tourisme. Je pense par exemple à l’appropriation du site UNESCO par la population locale avec la réalisation d’un topo guide des chemins de randonnées ou d’un manga qui va permettre de toucher le jeune public. Mes actions portent aussi sur la valorisation du site dans différents salons et événementiels. J’échange beaucoup avec l’ensemble des acteurs du tourisme du territoire, comme les Agences de Développement Touristique et Comités Départementaux du Tourisme, les Agences d’attractivité du Territoire et Offices de Tourisme, les diverses associations en lien avec le tourisme comme les différents chemins de grandes randonnées, et les services tourisme des co-gestionnaires du Bien UNESCO (Parc national des Cévennes, Parc naturel Régional des Grands Causses).

Avec les Grands Sites de France et le C.P.I.E. (Centre Permanent d’initiatives pour l’environnement) des Causses Méridionaux, nous proposons aussi chaque année, des animations estivales en lien avec notre inscription à l’UNESCO, au titre des paysages culturels de l’agropastoralisme méditerranéen.

Pour la partie communication qui est très liée au tourisme, je reçois et réponds aux demandes des journalistes de la presse écrite, radiophonique ou télévisuelle. Je communique aussi sur les actions portées par l’Entente et gère la page facebook des « Causses et Cévennes – Patrimoine Mondial ».

Quel est le rôle de l’Entente ?

L’Entente a une mission technique. Elle a été créée en 2012 sur l’impulsion des 4 départements concernés et assure une mission de coordination des actions de gestion menées sur l’ensemble du territoire du Bien UNESCO par les co-gestionnaires précédemment cités, afin d’apporter une cohérence permettant de répondre aux enjeux de la conservation de la Valeur Universelle Exceptionnelle du Bien. Ce sont ces paysages qui illustrent les liens forts entre l’homme et la nature depuis des millénaires.

Le conseil d’administration de l’Entente, présidé actuellement par Sophie Pantel, Présidente du Conseil départemental de la Lozère, est composé des Conseils départementaux de l’Aveyron, du Gard, de l’Hérault et de la Lozère qui participent à parité à son fonctionnement. L’Entente a été désignée gestionnaire déléguée par l’État, car c’est le Préfet coordonateur qui assure sa représentation au niveau de l’État français. Nous assurons en liaison avec le Préfet coordonateur et les structures partenaires, la coordination et la gestion du Bien et gérons aussi l’utilisation du Label patrimoine mondial de l’UNESCO pour les Causses et Cévennes.

Deux autres instances complètent la gouvernance du Bien UNESCO Causses et Cévennes, afin de garantir une gestion partagée du territoire :

– La Conférence territoriale

– Le Comité d’orientation

Pourquoi est-ce que les Causses & Cévennes sont inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO ?

Les Causses et Cévennes sont inscrits sur la liste du Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’UNESCO en tant que paysage culturel vivant de l’agropastoralisme méditerranéen.

Spectaculaire, diversifié et particulièrement vaste, l’environnement naturel de ce territoire, composé de monts, de vallées, de causses et de gorges, offre le témoignage exceptionnel d’une relation intime entre l’homme et son environnement : la culture agropastorale. La Valeur Universelle Exceptionnelle des Causses et Cévennes s’illustre dans le façonnage de ce paysage par l’activité agropastorale. Celle-ci présente pratiquement chacun des types d’organisation pastorale rencontrés sur le pourtour du bassin méditerranéen. Aujourd’hui, l’activité agropastorale se traduit par des vastes étendues ouvertes, une biodiversité remarquable et un patrimoine architectural ingénieux. Le génie humain humble et discret lié à l’activité agropastorale est présent sur tout le territoire : clapas, drailles, bergeries, caves d’affinage pour le fromage, système hydraulique…

Ce sont les précieux témoins de la construction de ce paysage au cours des millénaires.

L’inscription sur la liste du patrimoine mondial porte en elle la reconnaissance du travail des habitants qui ont su bâtir et préserver ce paysage culturel. Elle met en lumière l’investissement des habitants pour la préservation de ce paysage et le dynamisme de l’activité agricole contemporaine qui continue de le faire vivre.

Comment un bien est-il inscrit sur la liste du Patrimoine de l’UNESCO ?

Au départ, c’est une volonté d’élus et d’acteurs du territoire qui décident de porter un tel projet. Il faut entre 10 et 15 ans, voire plus, pour que le projet aboutisse à une inscription. Ici l’ambition était d’être inscrit sur la liste des paysages culturels. Pour le Comité du patrimoine mondial, les paysages culturels témoignent du génie créateur de l’être humain, de l’évolution sociale, du dynamisme spirituel et imaginaire de l’humanité. Ils font partie de notre identité collective. Une fois le dossier rédigé, il est validé par l’État français puis par divers organismes avant d’être présenté au Comité du Patrimoine mondial qui le refuse, le valide ou le reporte. Après deux reports, le dossiers des Causses et Cévennes a été approuvé par le comité du Patrimoine mondial le 28 juin 2011 en tant que paysage culturel évolutif et vivant de l’agropastoralisme méditerranéen. Pour être inscrits, les sites doivent avoir une Valeur Universelle Exceptionnelle et satisfaire à au moins un des dix critères de sélection. C’est un très long processus !

Comment conserver ce bien ?

Ce Bien est très complexe car il est très vaste (3 023 km² pour la zone inscrite), sur 4 départements. Il est le plus grand en Europe-intra de par sa superficie. Il a une géologie riche avec les Cévennes schisteuses, les causses calcaires et les monts (Lozère et Aigoual) granitiques, des habitats, une culture et une agriculture très différents suivant l’endroit où l’on se trouve. Mais c’est l’agropastoralisme qui a toujours fait le lien entre les Hommes de l’ensemble de ce territoire, même si les activités agropastorales sont elles mêmes diverses (sédentaires, transhumants, ovins, caprins, bovins…)

Nos missions à l’Entente sont de conserver, préserver et valoriser ce Bien a travers la réalisation des actions issues du plan de gestion (nous en sommes actuellement au troisième). Une mission connaissance et de valorisation du patrimoine avec l’inventaire du Patrimoine agropastoral, une mission agropastorale afin de promouvoir et de conforter le niveau de pastoralisme des exploitations, une mission d’observation des paysages dans un contexte de changement climatique et d’évolution des pratiques agricoles, une mission éducative, d’information, de sensibilisation et de valorisation, tout ceci en partage avec les divers acteurs du territoire et co-gestionnaires. Le plan de gestion est rédigé suite à une concertation menée au travers de nombreux groupes de travail auprès des partenaires de l’Entente, mais aussi auprès de la population locale. Il décline des orientations stratégiques et des propositions d’actions.

Pourquoi est-il important d’être inscrit ?

L’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO contribue à la reconnaissance universelle d’un monument ou d’un territoire, et cela renforce la responsabilité de le préserver. On s’en rend bien compte aujourd’hui quand on voit que la liste indicative du Patrimoine Mondial qui recense les Biens que chaque État a l’intention de proposer pour une inscription ne cesse de s’allonger. Rien qu’en France, à ce jour, il y en a 33.

Notre inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO contribue à la préservation de notre diversité culturelle agropastorale, elle permet d’y développer un tourisme durable, un tourisme responsable et réfléchi, au bénéfice des générations présentes et futures.

As-tu un conseil à donner aux visiteurs pour découvrir ce patrimoine culturel et quelques bonnes pratiques pour aider à protéger ce territoire ?

Le Bien UNESCO des Causses et Cévennes est prestigieux, magnifique dans son ensemble et en toutes saisons. Pour l’apprécier encore plus, il faut aller à la rencontre des personnes qui le connaissent bien, je pense par exemple aux Ambassadeurs touristiques mais aussi aux exploitants agricoles. C’est un site qu’il faut respecter. Vous pourrez le découvrir en marchant sur les nombreux chemins de randonnée qui le sillonnent. C’est un site habité, sur lequel des personnes vivent et travaillent. Il y a des bonnes pratiques à connaître lorsqu’on partage les espaces naturels, comme par exemple s’arrêter pour croiser les animaux isolés ou en troupeaux et les dépasser sans les effrayer, faire attention aux chiens de troupeaux (patous), éviter de détériorer les chemins, faire attention aux risques d’incendie, emporter tous ses déchets, respecter le droit de propriété et ne pas pénétrer à l’intérieur des propriétés privées, dans les prairies, et toutes surfaces cultivées.

Nous espérons que nos amis visiteurs garderont un excellent souvenir de leur passage sur le Bien UNESCO des Causses et Cévennes et nous les invitons à aller consulter notre site internet pour préparer leur séjour.

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