Nous avons rencontré Sandrine Lagasse, photographe passionnée des Cévennes. Sandrine est autodidacte, elle s’est formée dans les Cévennes. C’est d’ailleurs une de ses photos qui a fait la couverture de notre premier magazine en 2021.
Quelle est ta relation avec les Cévennes ?
Je ne suis pas cévenole de naissance. Pourtant, les Cévennes m’ont vue grandir. Mes grands- parents y venaient en weekend, en automne pour les châtaignes et les champignons, en été pour la fraîcheur ou tout simplement pour s’évader de la vie trépidante montpelliéraine. J’y ai fait mes premiers pas, découvert la richesse du monde de la forêt grâce à eux ainsi qu’à mes parents, l’importance de préserver ces lieux. Aller au sommet de la tour de la station météorologique du Mont Aigoual en famille était toujours vécu comme un privilège, une aventure et un moment hors du temps. Depuis quelques années je me suis auto-initiée à la photo et ai ressenti le besoin de retourner à la source de ce qui m’a construit pour me retrouver au plus proche de qui je suis.
Je me suis donc rendue tous les weekends en Sud Cévennes pour respirer, simplement respirer dans ces forêts magiques, pour me perfectionner, pour simplement m’émerveiller dans des lieux connus et en découvrir d’autres sans jamais me lasser car c’est ce qui fait la particularité des Cévennes.
Pourquoi aimes-tu le Sud Cévennes ?
Pour sa richesse, pour sa beauté. Je n’ai pas tout visité car chaque kilomètre parcouru nous réserve une surprise et que j’ai encore beaucoup de projets en cours pour photographier des espèces qui me tiennent à cœur comme la loutre d’europe et le grand tétras par exemple.
J’ai parcouru des forêts par tous les temps : sous la pluie et dans le brouillard en été, dans les vents glacés des levers et couchers de soleil, la nuit aux sommets pour observer la Voie lactée, au bord des lacs, rivières et chutes gelées, j’y ai même bivouaqué dans la neige par -12°. Pour moi, les Cévennes m’ont vue grandir, les photographier me nourrit et reste une expérience à chacune de mes aventures.
qu’aimes-tu photographier le plus et pourquoi ?
Les couchers de soleil ont beau être spectaculaires, le ciel étoilé d’une pureté rare et reconnue… c’est la faune cévenole sur laquelle je m’investis le plus. Les Cévennes nous offrent le privilège d’être au contact de nombreuses espèces emblématiques pour certaines, plus rares pour d’autres dans un cadre magnifique. La présence de ces espèces témoigne d’un travail acharné de préservation et de sauvegarde et d’un équilibre exceptionnel.
Partir à leur recherche, c’est partir à l’aventure : on oublie les règles de présence absolues et on accepte les échecs, on part en traque, on se documente, on cherche les traces de présence, on se fait oublier, on s’oublie même pour se laisser surprendre, pour laisser au sauvage toute sa place. à ce moment-là, la rencontre s’opère, sans dérangement, et on l’observe en se tenant en retrait avec la sensation d’avoir parcouru tout ce chemin pour faire partie de ce tout.
Ce sentiment qui me submerge à chaque rencontre reste celui pour lequel je préfère pratiquer la photo car le déclenchement devient le fruit d’une démarche plus ou moins longue avec beaucoup d’émotions et toujours l’envie de communiquer le beau pour le préserver.
ton petit coin de paradis du Sud Cévennes ?
La question est difficile. J’aime particulièrement la partie haute du Mont Aigoual, variée en milieux naturels différents, polaire en hiver, nature brute, parfois violente et avec des espèces animales emblématiques. On peut passer d’une forêt fantastique, où les roches sont recouvertes de mousses et où on côtoie résineux aussi bien que feuillus, aussi bien que des alpages secs et balayés par des vents glacés. J’aime cette variété et j’y suis très attachée