Rencontre avec Jean Marie Lopez

Qu’est-ce qui t’ a mené vers l’étude du ciel ?

C’est très simple, très jeune j’ai été passionné et attiré par l’astronomie. Dès l’âge de sept ans, je me suis plongé dans tous les livres qui parlaient d’astronomie. Un désir de comprendre et de savoir comment le ciel était architecturé quelle était la signification du ciel étoilé. Tout cela en parallèle avec le soutien d’un parent dans ma famille qui était initié à l’astronomie. Il pratiquait un peu l’observation du ciel avec une lunette qu’il avait construite lui-même et quelquefois il m’emmenait découvrir le ciel avec lui.

Passion grandissante avec l’âge, j’ai acquis ma première lunette en entrant dans le monde professionnel. Avec le temps et le désir de se regrouper avec d’autres passionnés d’astronomie, j’ai participé à la création de la Société Astronomique de Montpellier. Les moyens humains, matériels et financiers nous ont ainsi permis de créer l’observatoire astronomique des Pises dans le but de participer à la recherche scientifique comme beaucoup d’astronomes amateurs. Depuis lors nous suivons des programmes de recherche en collaboration avec des astronomes professionnels sur différents sujets, principalement les astéroïdes, les supernovae, les exoplanètes, etc. L’observatoire des Pises est d’ailleurs référencé sur le plan international comme station de l’Union Astronomique Internationale N°122 en France.

Qu’est-ce qui fait selon toi la particularité du ciel cévenol ?

Elles sont multiples, c’est avant tout un territoire en altitude, éloigné des problèmes de pollution industrielle principalement (fumées, poussières …) et des concentrations urbaines qui génèrent de la pollution lumineuse (lumières des centres commerciaux, parkings, lampadaires, éclairages privés, etc.)

Les Cévennes restent un territoire étendu et très peu peuplé comparé au cordon littoral et de ce fait la pollution lumineuse y est moindre. L’altitude moyenne y favorise une transparence de l’air très appréciable pour l’observation du ciel. Tous ces critères mis en commun font que le ciel cévenol est parmi l’un des plus beaux ciels en France.

Pensez-vous que certaines initiatives pourraient être prises localement pour améliorer et continuer de préserver la qualité de ce ciel ?

Il est certain que l’on peut toujours améliorer en fonction des lieux la qualité du ciel par des mesures très précises comme l’extinction et la réduction des intensités lumineuses qui sont une évidence. Mais un autre volet qui a une grande importance c’est de faire appliquer déjà la législation et les textes en vigueur qui ne sont pas respectés, surtout dans le secteur privé (enseignes publicitaires, centres commerciaux, parkings…).

Mais il faut raisonner à ce stade-là en termes de globalité et donc étendre les initiatives au-delà du territoire cévenol. Je pense en particulier au littoral méditerranéen, de Nice à Perpignan où la pollution lumineuse règne en maître de façon catastrophique. La création de la récente RICE du Parc national des Cévennes reste une très bonne chose, mais elle ressemble un peu à une forteresse assiégée. Il faut donc ouvrir le débat autour des territoires environnants pour créer une synergie allant dans le sens d’une amélioration globale de la qualité du ciel dans le sud de la France. Songez que depuis le sommet du Mont Aigoual l’on perçoit le dôme de lumière de la ville de Toulouse ou de Marseille…

Faudrait-il encore plus sensibiliser le public à la richesse astronomique de notre territoire ?

Pour nous, astronomes amateurs c’est fondamental et tous les clubs d’astronomie participent à cet effort. Au travers de toutes les animations publiques telles que les Nuits des étoiles, le Jour de la Nuit, les expositions photographiques, conférences, colloques, etc. il y est toujours question de la pollution lumineuse et des graves perturbations qu’elle provoque pour tout ce qui touche à l’observation du ciel, mais également à la biodiversité nocturne. Le ciel protégé c’est une biodiversité retrouvée, il est primordial de diffuser ce message auprès d’une population bien trop souvent éloignée de l’environnement nocturne dans les agglomérations. Et pour ceux qui ont la chance de vivre sur le territoire des Cévennes, il est important de leur faire comprendre par exemple que l’extinction de l’éclairage nocturne entre 23 heures et 6 heures du matin n’est pas une régression, mais au contraire un progrès qui va dans le sens de la protection du ciel étoilé et des espèces nocturnes avant tout.

Quels sont pour toi les attraits de la région ?

Ils sont nombreux, la beauté de ses paysages, la richesse de sa faune et de sa flore, la marque des saisons bien plus intense. Je rajouterai la richesse de sa culture et de ses habitants avec cette authenticité si particulière aux Cévennes.

Pratiques-tu d’autres activités sur le territoire ?

C’est complémentaire et nécessaire pour moi et elles sont nombreuses.
Au fil des ans, j’ai ainsi découvert de nombreux lieux et sites emblématiques grâce à la randonnée à pied, à VTT ou à ski de fond. Découvert et apprécié de nombreux produits locaux, assistés aux moments les plus intenses de la culture et de la vie locale comme les Estives et les Transhumances sur le territoire. J’ai également participé à des épreuves sportives en tout genre qui m’ont permis de m’imprégner et d’apprécier les richesses si variées et si agréables de ce territoire qui font que l’on ne peut que tomber sous son charme.

À part le lac des Pises, quels sont vos autres spots préférés pour regarder les étoiles en Sud Cévennes ?

Pour résumer, tout le ciel des Cévennes reste un spot extraordinaire pour admirer le ciel étoilé et la Voie lactée dans son intégrité dès l’instant où vous êtes éloignés des éclairages urbains des villes et villages. Que vous soyez au sommet du massif, sur les Causses ou dans les vallées, vous aurez toujours un ciel de très grande qualité qui vous permettra d’observer et d’admirer les plus beaux objets de l’Univers.
C’est d’ailleurs pour cela que nous organisons régulièrement depuis maintenant plus de 10 ans l’un des plus grands rassemblements d’astronomes amateurs dans le sud de la France, les fameuses Nuits du Causse Noir à proximité de la ville de Lanuéjols.
D’ailleurs, les participants, environ 200 tous les ans, ne s’y trompent pas, en provenance de partout en France voire même de l’étranger, leurs réflexions favorites est de nous dire pour certains « je n’ai jamais vu un ciel aussi beau chez moi ».