T. Sauvé

Rencontre avec Vincent Gracy

Citadin tombé amoureux des Cévennes, Vincent découvre la vallée de Cézas en 1979 lorsque ses parents restaurent un mas en ruines près du Prieuré Saint-Martin. Plus tard, ils fondent l’association Asphodèle pour restaurer le Prieuré. D’abord visiteur de vacances, il s’installe définitivement à sa retraite et s’investit activement dans l’association.

Retrouvez Vincent dans notre magazine de destination Sud Cévennes Rencontre Sauvage n°5

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Peux-tu nous raconter l’histoire du lieu ?

La chapelle romane du Prieuré, construite au début du XIIème siècle, aurait pu être l’œuvre d’une petite communauté de moines issue d’une abbaye voisine, peut-être celle de Sauve, bien qu’aucun document ne le confirme. Les premiers écrits mentionnant le Prieuré datent d’environ 1450, époque où les moines ont disparu. Un fermier occupe alors les bâtiments et exploite les terres pour un prieur, qui fait office de curé pour Cézas et ses environs. Le Prieuré reste le centre paroissial de la vallée jusqu’au XIXème siècle.

Son histoire est marquée par de nombreux événements, dont les plus dramatiques surviennent lors de la guerre des Camisards (1702-1705), quand la chapelle est incendiée et le presbytère détruit. Le coup fatal intervient en 1867 avec la construction d’une nouvelle église et d’un presbytère à Cézas, rendant le Prieuré obsolète.
Désacralisée, la chapelle devient un hangar agricole jusqu’au départ du dernier fermier en 1910. Ensuite, livré au pillage et à l’abandon, l’ensemble des bâtiments tombe en ruine.

Quelles ont été les grandes étapes de restauration ?

Asphodéle-Le Prieuré se crée en 1986 à l’initiative d’une poignée des « néo-cévenols » venus repeupler le village déserté de Cézas à partir des années 1960. Les premiers chantiers consistent à déblayer les gravats qui encombrent les ruines, à débroussailler les traversiers et remonter leurs murets, à décroûter dans la chapelle l’enduit masquant l’incendie des Guerres de Religion pour retrouver le bel appareillage des pierres nues. Dès les années 90, le travail de ces pionniers débouche sur des subventions publiques et privées qui permettent de refaire le toit en lauzes de la chapelle.

Notamment parce que la commune de Sumène, grâce à son secrétaire de mairie, prend conscience de l’attraction patrimoniale que représente le Prieuré pour son territoire.
Les chantiers de reconstruction, depuis, se succèdent. Le plus spectaculaire étant celui ayant abouti, en 2006, à l’entière restauration de la salle dite « presbytérale ». Le vrai presbytère cependant, où habitait le prieur, reste la dernière ruine à relever. Dans le but de transformer cette ruine en résidence d’artistes. L’association est tout entière mobilisée là-dessus.

Un architecte a travaillé pour elle, des devis sont établis – et merci d’avance pour toutes les bonnes volontés qui aideraient à financer ce projet.

Peut-on visiter le lieu ?

Le site extérieur est accessible librement à tout moment. Pour visiter l’intérieur des bâtiments, il est recommandé de venir un mardi entre 9h et 16h, lorsque les bénévoles, surnommés « les vaillants du mardi », sont à l’œuvre. De plus, un adhérent accueille généralement les visiteurs chaque dimanche par beau temps.

Durant la saison culturelle, de fin mai à mi-septembre, de nombreuses visites sont possibles, notamment lors des expositions avec des permanences d’accueil chaque après-midi. Il est également possible de prendre rendez-vous à tout moment, en particulier pour les groupes, en nous contactant via le site Asphodèle-Le Prieuré.

Comment fais-tu vivre le lieu et quels événements y sont organisés ?
 
Je préfère ne pas parler d’endroit hyper spécifique car je trouve que les Cévennes sont en soit comme une initiation. Il faut découvrir les plus beaux coins par soi-même, avec les amis que l’on rencontre ici.

Les Cévennes sont une invitation aux sens pour le visiteur novice, elles invitent à être à la réception de quelque chose d’assez extraordinaire. Il faut simplement faire cette démarche d’aller à la découverte, à la rencontre, il faut le mériter. Ce n’est pas un territoire qui se consomme.

Depuis 2002, sous l’impulsion d’André Bonnifay, alors président de l’association, Asphodèle-Le Prieuré organise de nombreux événements culturels et conviviaux. De mai à septembre, spectacles, concerts, expositions et conférences animent le site. Fidèle à sa vocation patrimoniale, l’association poursuit la restauration des bâtiments tout en insufflant une dimension culturelle, faisant du Prieuré un lieu d’échange et de création.

As-tu des idées de randonnées au départ du Prieuré ?

J’ai de nombreux chemins favoris, car l’une de mes passions est de restaurer d’anciens sentiers et d’en créer de nouveaux. Depuis 45 ans, je parcours les Cagnasses, la Fage et l’Argentesse, sécateur en main, pour redonner vie aux chemins oubliés de la vallée. Certains sont redevenus publics, comme « le tour des Cagnasses », désormais balisé en PR, dont j’ai retracé une grande partie dans les années 80 et que je continue d’entretenir.
D’autres, plus secrets, ne se dévoilent qu’en de rares occasions comme dans le cadre de la Fête de la Nature au mois de mai, que nous célébrons chaque année depuis 4 ans.
 

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O. Octobre
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