Des trésors d’authenticité

Nichés au cœur de paysages naturels époustouflants, des petits bourgs pittoresques offrent un cadre idéal pour se ressourcer et découvrir la richesse culturelle de la région. Le Sud Cévennes est une destination de choix pour les amoureux de la nature et de l’histoire.

Le patrimoine du Sud Cévennes est intimement lié à son histoire profondément marquée par des événements et des mouvements qui l’ont façonné au fil des siècles. Au cœur de cette histoire se trouve le protestantisme et les guerres de religion qui ont secoué les Cévennes du XVIe au XVIIIe siècle. Les Cévennes étaient un bastion du protestantisme, et les conflits entre les protestants et les catholiques ont laissé une empreinte durable sur la région.

Au-delà des guerres de religion, les Cévennes ont également connu une riche histoire agricole et industrielle. La région était autrefois réputée pour la sériciculture : l’élevage du vers à soie, la production de soie comme en témoignent les nombreuses filatures et magnanerie.

L’agriculture et l’agropastoralisme ont également joué un rôle majeur dans l’économie locale. Aujourd’hui, l’histoire du Sud Cévennes est encore visible à travers ses villages pittoresques, ses églises, ses temples et sa multitude de petit patrimoine bâti lié à l’agropastoralisme, à la sériciculture ou encore à la culture du châtaigner.

C’est une région où l’histoire est présente à chaque coin de rue, offrant aux visiteurs la possibilité de plonger dans un passé fascinant et de comprendre les racines profondes de cette terre cévenole.

Les premiers habitants

Les premiers occupants se sont établis sur le territoire de façon dispersée et en des temps reculés.

Les secteurs des Gorges de l’Hérault (en particulier le Massif du Thaurac), les Gorges de la Vis ou les abords du Cirque de Navacelles ont révélé une occupation humaine dans les grottes, jouissant notamment de la proximité des rivières.

Parmi les autres vestiges archéologiques, les mégalithes caussenards et cévenols témoignent d’une présence humaine remontant à plus de 20 000 ans. Ils coïncident à l’établissement des premiers hameaux édifiés par des pasteurs et des agriculteurs. Ce sont les prémices de l’agropastoralisme sur notre territoire, reconnu aujourd’hui par l’UNESCO.

Situés à la confluence du schiste, du granit et du calcaire, les reliefs cévenols âpres et variés sont dominés par le Mont Aigoual côté Gard et surnommé le « château d’eau des Cévennes». Ces reliefs sont successivement habités par les Celtes puis les Romains qui y développent la culture de la vigne et de l’olivier et exploitent un sous-sol très riche en minerais (cuivre, plomb argentifère), à l’image des mines des Jumeaux, sur la commune de Sumène .

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Le Moyen-Âge

Les abbayes bénédictines de Saint-Victor-de-Marseille et de Saint-Guilhem-le-Désert étendent leurs possessions en Cévennes : les moines défrichent de nouveaux espaces de cultures (notamment en aménageant des terrasses ) où s’épanouissent vignes, oignons doux, légumineuses ou oliviers…Ils caladent les chemins et développent également les plantations de châtaigniers, « l’arbre à pain » des cévenols. Par leur présence, ils incitent les populations à quitter en partie leurs habitats en hauteur et à s’installer en fond de vallée : le hameau de Navacelles voit ainsi l’édification de son premier quartier (le Mas Guilhou), Sumène celui de la Courral. Des siècles durant, par un long et patient travail, l’homme va ainsi modeler la montagne.

Entre garrigue et haute montagne, face aux moines, deux grands seigneurs règnent sur ces territoires : le baron d’Hierle et celui de Roquefeuil, chacun faisant édifier des châteaux et des bourgs fortifiés (Roquedur, Esparon, Le Caladon, Aumessas, Montdardier ou Vissec) dont la plupart sont rasés à la suite de la croisade contre les albigeois (1208-1249). En ce qui concerne le pays gangeois, Ganges prend de l’importance à partir du XIIème siècle, confirmant son statut de carrefour commercial et se dotant de remparts afin d’assurer sa protection. Les seigneurs de la ville parviendront avec ténacité a faire obtenir à la cité des franchises et privilèges, jalousement conservés pendant plusieurs siècles.

Les premières industries se développent en parallèle au sein des bourgs : tanneries, tonnelleries…

Nos villages

château MontdardierVirginie Govignon

Les Guerres de religion

Le Vigan et son territoire vivent des foires, du négoce et du travail de la laine : drap Vigan ou Petit-Lodève, bas, chapeaux…

Au XVIe siècle, le protestantisme trouve un terreau fertile en Cévennes, partageant les populations entre catholiques et protestants. Des luttes fratricides s’ensuivent et se prolongent par intermittence jusqu’au début du XVIIIe siècle. La Révocation de l’Edit de Nantes (1685) contraint à l’exil des milliers de protestants.

Pour ceux qui restent, c’est une période de résistance, durant laquelle la religion se vit en secret ou « au désert », avec la menace des galères ou de l’emprisonnement…Les traces de l’occupation par les armées royales sont encore palpables : l’actuelle Médiathèque Lucie Aubrac à Ganges est située dans les anciennes casernes, la Place du Fort à Aumessas présente des habitations également réquisitionnées pour loger les troupes…De nombreux lieux de mémoire commémorent ces épisodes douloureux comme au Col de Mouzoules.

Le siècle des Lumières

L’esprit des Lumières dissipe peu à peu les intolérances. Les idées nouvelles arrivent en Cévennes portées par des partisans de la Grande Encyclopédie tels que l’écrivain Angliviel de la Beaumelle né à Valleraugue ou bien encore le comte Esterházy, confident viganais de Marie-Antoinette.

Le Vigan est alors une petite capitale des Cévennes de l’Ouest, traversée par la route royale d’Aix à Montauban et dotée d’élégantes demeures. Les magnaneries et les filatures racontent aujourd’hui encore l’épopée de la soie, matière providentielle dont le savoir-faire est parvenu en Cévennes dès le XIIIème siècle mais dont le véritable Age d’or ne débute qu’au XIXème siècle

L’âge industriel

Le travail du fil de soie passe de l’artisanat à l’industrie, la qualité et la haute technicité des produits locaux (à l’image du Bas Lys des Bonneterie Brun d’Arre) ouvrent des débouchés dans le monde entier. Ganges devient ainsi capitale de la bonneterie, les filatures essaiment à travers toutes les Cévennes, certains bourgs en comptant des dizaines, dont la main d’œuvre est principalement locale et féminine. Mais cette prospérité ne va pas sans soulever des revendications sociales, les conditions de travail des ouvriers étant particulièrement précaires pour un maigre salaire. En 1906, les fileuses de Ganges entament une grève sans précédent qui sera la première grève féminine dans le secteur industriel, leur engagement se propageant à travers toutes les filatures cévenoles.

Aujourd’hui encore, au Vigan, les usines Well témoignent de cette longue tradition textile. La dernière filature cévenole ferme ses portes dans les années 1960. Le voyageur peut encore aujourd’hui apercevoir ces majestueux bâtiments le long des rivières, parfois cachées au détour d’une vallée.

A la fin du XIXe siècle, le territoire est bouleversé par la construction du chemin de fer (reliant d’abord Lunel au Vigan en 1874 puis se prolongeant jusqu’à Roquefort-Tournemire en 1896). Les accès aux Cévennes sont facilités, ainsi que l’acheminement des produits de la terre et manufacturés vers les ports ou les grandes villes. La vallée de l’Arre en partant du Vigan et en remontant vers Alzon permet de découvrir ce patrimoine ferroviaire, dont Aumessas en est le joyau.

En termes d’évolution du paysage, le reboisement du massif de l’Aigoual conduit par le botaniste Charles Flahault et l’ingénieur forestier Georges Fabre redonnent un couvert forestier conséquent au massif et limitent ainsi l’érosion des sols et ses conséquences parfois désastreuses (notamment pendant les épisodes cévenols) .

Aujourd’hui

Lors de la Seconde guerre mondiale, les Cévennes redeviennent un lieu de refuge, d’entraide et d’hospitalité pour les persécutés, fugitifs et maquisards : l’esprit de résistance y souffle toujours, rappelant le temps des persécutions religieuses.

Le Parc national des Cévennes est créé en 1973. Il permet la conservation de la biodiversité et des paysages, la valorisation du patrimoine culturel rural ainsi que la mise en œuvre d’un développement durable dans une zone de moyenne montagne allant du Mont Lozère à l’Aigoual, et des grands causses aux vallées cévenoles.

Chemins de randonnées ou de pèlerinage (chemin de Saint-Guilhem) et produits locaux comme le Pélardon ou l’ oignon doux AOC contribuent à cet équilibre entre nature et tradition qui sont aujourd’hui la marque de ce territoire pluriel au caractère secret mais généreux.

Intéressés par le patrimoine rural ? l’Association Cultures et territoire rural a créé et publié une application participative qui permet de recenser les ouvrages et petits bâtis du pays : calade, gourgue, jasse, stèle, tancat et bien d’autres choses. Vous pouvez retrouver cette application sur Google play store ou App store.

A.BOUISSOU
S. Laouari
cazelSam Bié